Rencontre avec un personnage haut en couleurs dans le cadre feutré de BaselWorld, le salon de l’horlogerie.
Le rendez-vous est fixé à 9h30 sur le stand Charriol au premier étage de la halle 1 du grandiose salon mondial de l’horlogerie. A peine arrivés, nous croisons un Monsieur que les personnes présentes sur le stand saluent avec respect. C’est le boss! Philippe Charriol se déleste de son manteau et se présente dans son costume couleur bordeaux.
Un petit café… et la discussion s’amorce. Malgré le cadre très horloger de la rencontre, le sujet du jour est automobile. «La passion de la course me vient de mon père qui était organisateur de rallyes et autres compétitions du côté de Marseille.»
Philippe Charriol n’est plus tout jeune, il peine à dévoiler son âge et préfère se qualifier d’ «hyper-senior». Après avoir goûté aux bruits des moulins à essence, tout jeune, il a pris son temps pour entrer dans la ronde. «La possibilité de vivre cette passion m’a été donnée très tard. Il faut non seulement de l’argent, mais encore du temps libre pour pratiquer le sport automobile. Par contre, une fois lancé, j’ai accéléré très fort.»
Sous sa houlette se disputait d’abord un trophée éponyme au volant de Venturi. Le calendrier des montres et autres emplacements indiquait l’année 1994. Puis les Lamborghini Diablo ont pris place dans les boxes Charriol. «C’était en quelque sorte les prémices de ce que sont aujourd’hui les Blancpain Series.» Le chef d’entreprise passait ensuite au volant d’une Corvette Z06, avant de faire construire sa propre voiture, la Charriol SF10. Un prototype à moteur Corvette de 7 litres créé par le dessinateur Yacouba.
«La passion est toujours là et mes chronos ne sont pas ridicules. Je pense être un bon pilote d’endurance alors je continue», lance notre interlocuteur qui rêve d’imiter Paul Newman encore en piste aux 24H de Daytona l’année de ses 78 ans.
Reste qu’hormis la course automobile et même s’il a quelque peu lâché la bride à ses enfants, Philippe Charriol est également patron d’une entreprise horlogère qui fabrique essentiellement des montres dames, des bijoux, mais aussi des articles en cuir. «Sauf erreur, je dois être le seul chef d’entreprise horlogère à rouler en compétition sur ma propre voiture.»
Pour marquer son attachement aux deux domaines, Charriol a présenté dernièrement une nouvelle édition de son chrono ‘Super Sports Gran Celtica’. «Même si nos collections sont très féminines, il y a toujours un modèle sportif dans les catalogues.»
Il est temps de conclure, à Bâle les rendez-vous s’enchaînent à un rythme effréné… «Vous savez, la course automobile donne une direction à la vie», ajoute Philippe Charriol. Il poursuit: «Lorsque vous êtes sur la grille de départ c’est pour gagner, dans les affaires aussi il faut un mental de gagnant pour s’imposer. Et puis, en course impossible de s’arrêter sans tout perdre, dans la vie c’est un peu la même chose… Il ne faut jamais lever le pied. Sans parler de la tendance actuelle qui veut que tout s’accélère…»
Pour mémoire, Philippe Charriol a fondé sa société horlogère en 1983. Sa passion automobile l’a mené vers les courses sur glace d’abord avec dix ans de participation au Trophée Andros sur les circuits, mais au chronométrage aussi. Viennent ensuite, les Venturi, les Lamborghini et maintenant les compétitions GT et d’endurance, notamment le challenge V de V.