Pluie, brouillard, soleil aussi un peu, les mythiques 24H de Spa n’ont pas failli à la tradition. Suspens garanti et excellent bilan côté suisse!
Proche du doublé après sa victoire aux 24H du Nürburgring, Nico Muller s’est finalement contenté, et avec un large sourire, du second rang. «Je suis là avant tout pour apprendre, mais il est vrai que je n’aurais pas craché sur une victoire…», avouait le jeune pilote de Thoune qui faisait équipe avec deux routiniers, à savoir le Monégasque Stéphane Ortelli et l’Allemand Frank Stippler, vainqueur des 24H de Spa en 2012. Ce dernier ayant, par ailleurs, réalisé le chrono de référence lors de la ‘super pole’ réservée aux vingt voitures les mieux classées des qualifications. Autrement dit et avec une pointe de chauvinisme avoué, l’Audi #2 de Nico Muller était en première place sur la grille de départ du double tour d’horloge de Spa.
De leur côté, les organisateurs se faisaient plaisir en relevant que cinq marques différentes figuraient dans le top dix, partagées par six petits dixièmes de secondes seulement. Hormis l’Audi de Stippler, une McLaren et une Ferrari occupait le podium… Une seconde Audi, une autre McLaren, trois Bentley et deux BMW complétaient les cinq premières lignes de la grille. A noter que l’Audi #6 de Marcel Faessler a été privée de son meilleur temps pour une erreur d’André Lotterer et déclassée du 11ème au 14ème rang.
Une hiérarchie plus notoire sur le papier, la pole d’une grande course fait toujours bien dans le paysage, que sur la piste. D’autant plus que vendredi le tracé était baigné par le soleil durant la séance de chronométrie absolue… La pluie, la grisaille et le froid ont fait leur apparition en fin de journée et se sont installés pour quelques (trop) longues heures…
Samedi, c’est donc sous le déluge que se préparaient les équipages. Après un warm-up matinal dans une véritable piscine, la piste était détrempée pour le départ. Malgré les gerbes d’eau, la direction de course décidait de lancer les 57 voitures, un sacré peloton, sans contrôle de la voiture de sécurité… 16h30, c’est parti! Avec un premier gros doute dans les esprits observateurs, Kevin Estre (McLaren) a-t-il, un peu trop, anticipé son départ… Certitude il passait la ligne devant l’Audi de Stippler, mais là encore ce n’est qu’anecdote sur une épreuve de 24H… Conditions obligent les sorties de piste se faisaient nombreuses, les sorties du ‘safety car’ aussi… Toujours discutables, même si indispensables pour assurer la sécurité des secouristes et autres commissaires, les interventions des ‘safety car’ peuvent troubler les stratégies, voire même bousculer un classement. D’autant plus sur les longs tracés qui nécessitent plusieurs ‘safety’. «Avec les accidents et les voitures de sécurité nous avons rapidement perdu un tour sur les meilleurs… Après c’est difficile de revenir…», racontait Nico Muller.
Pour le reste et nous n’allons pas ici faire l’inventaire des 24H, la compétition était passionnante, tendue, indécise jusqu’à la fin, ou presque… Après 22 heures de course, les deux premiers pointaient encore dans le même tour. La BMW #46 de Marc VDS (Paltalla-Luhr-Catsburg) avait alors 1’41.842 d’avance sur l’Audi #2 (Muller-Ortelli-Stippler)… Marcel Faessler était 6ème, l’équipe de la Jaguar #14 (Lorenz Frey-Gabriele Gardel-Fredy Barth-Jonathan Hirschi) 24ème…
Faisons tout de même un petit pointage… Au terme de la 1ère heure, la McLaren #59 avec Bruno Senna au volant, menait le bal…
Après 2H, la BMW #45 de Marc VDS (Dirk Werner-Augusto Farfus-Maxime Martin) avait pris le pouvoir…
Choix de pneumatiques erroné oblige, les Audi de Muller et Faessler figuraient alors respectivement aux 25ème et 39ème rangs. Puis, débridée et bousculée par la météo et les nombreuses phases de ‘safety car’ la course devenait difficile à suivre… le classement changeait à chaque tour, ou presque… Il fallait attendre la 6ème heure pour commencer à y voir plus clair… C’est alors la Mercedes #99 (Nico Bastian-Stef Dusseldorp-Daniel Juncadella) qui prenait la tête… et l’Audi #2 de Muller était 9ème… Au tiers du pensum (8ème heure) la Mercedes #99 menait toujours les débats… Muller était P6, Faessler P15, la Jaguar Emil Frey P31 et la BMW #30 de Pierre Hirschi P36… Ce dernier qui nous avait avoué en aparté: «la course devient trop professionnelle et trop rapide pour moi… mon chrono des essais m’aurait placé parmi les meilleurs il y a trois ou quatre ans, aujourd’hui…»
A mi-course, la #99 n’avait pas perdu la tête… L’Audi #2 pointait en 2ème position, la #6 en 11ème, la Jaguar bleue #14 en 22ème et la BMW #30 en 30ème… Pilote, mais aussi manager de l’équipe Emil Frey, Fredy Barth expliquait: «Nous étions bien placé malgré la pluie et les nombreux safety cars, mais un accrochage avec la BMW de Zanardi nous a obligé à rentrer et la réparation a duré une bonne heure… Nous sommes repartis en 40ème position…»
Bouleversement à la 15ème heure… La Mercedes #99 ne figurait plus qu’en 4ème place… C’est l’Audi #2 de Muller qui prenait le pouvoir… Deux heures plus tard, la BMW #45 (Werner-Farfus-Martin) menait le train… Au passage de la 19ème heure, une BMW en remplaçait une autre… la #45 arrêtée sur la piste, la #46 emmenait désormais le peloton… Avec toujours l’Audi #2 à la chasse (31.335 sec)… Faessler était P7, l’équipe Emil Frey P29… et Pierre Hirschi avait été contraint à l’abandon. Il fallait alors attendre la 24ème heure pour un nouveau coup de théâtre… La Mercedes #99 longtemps leader s’accrochait au podium… puis s’était l’abandon.
L’Audi #5 (Mamerow-Mies-Thiim) héritait de la troisième marche du dit podium dont les deux premières étaient occupées par la BMW #46 et l’Audi #2…
Et le drapeau à damiers sanctionnait finalement le verdict… BMW remportait une fantastique victoire et Audi plaçait deux R8 LMS dans le tiercé… Ouah! Quelle course!
Classement.
1. BMW Z4 (Marc VDS – Paltalla/Luhr/Catsburg). 2. Audi R8 LMS (Team WRT – Muller/Ortelli/Stippler). 3. Audi R8 LMS (Phoenix Racing – Mamerow/Mies/Thiim)…
Puis… 5. Audi R8 LMS (Phoenix Racing – Faessler/Lotterer/Rockenfeller)… 27. Jaguar GT3 (Emil Frey Racing – Frey/Gardel/Barth/Hirschi)…
Non classés: BMW Z4 (TDS Racing – Mathias Bèche/Dermont/Hassid/Perera) et BMW Z4 (Classic & Modern Racing – Pierre Hirschi/Kelders/Blanchemain/Bouvy).
© Suisse AutoMag
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