En Suisse, Pierre Schaffo est le représentant exclusif des produits Oreca, entreprise française spécialisée dans l’automobile.
A détailler sa carte de visite, le péquin voit en Pierre Schaffo le patron d’une entreprise prestigieuse domiciliée dans des locaux luxueux… Il est vrai que pour le mordu de la voiture, «Sport and Prestige Automobile» doublé de la mention «Official Dealer Suisse Oreca», ça en jette. Reste que s’il se rend chez le pilote, accessoirement aussi tôlier-carrossier et un peu touche-à-tout, le dit péquin ne risque pas d’être déçu… Il ne trouvera rien de très luxueux ou de très prestigieux dans la petite boutique de la rue de la Jaluse, au Locle, mais il rencontrera un personnage à la fois motivé, connaisseur et surtout passionné comme pas deux. Certes les vitrines entourées de fanions annoncent la couleur et rappelle la présence du spécialiste français des accessoires automobiles Oreca… Mais une fois la porte franchie, c’est plutôt à Ali Baba et sa fameuse caverne pleine de merveilles et de richesses que le visiteur pense.

Dans les quelques mètres carrés qui composent le magasin, des sièges de voitures ou de bureau côtoient une foultitude d’accessoires, de matériel, de mannequins, de ‘bolides’ démontés aussi, sans oublier le simulateur, autre spécialité maison… Un coffre aux trésors dans lequel Pierre Schaffo, maître des lieux, évolue comme un poisson dans son aquarium. Petit rappel en guise d’introduction: «De métier, je suis tôlier-carrossier et pour commencer j’ai travaillé quatre ans chez Franco Sbarro.» Référence qui pose indubitablement son homme qui après avoir quitté l’entreprise du célèbre constructeur s’est installé aux Brenets, à son compte. «Dans un double box mais avec un succès limité… Ensuite, en 1995, j’ai déménagé dans mes locaux actuels. Je réparais des carrosseries, construisait des pièces en polyester, et me suis lancé dans le projet d’une Ferrari 250 GTO réplica…» Les spécialistes du domaine et des produits alors dérivés pour les façonner étant rares, Pierre Schaffo s’est taillé une belle réputation. «Je faisais beaucoup de restauration et en parallèle je me suis lancé dans la commercialisation d’accessoires.» Mais ce n’est pas un secret, c’est même un dicton, «nul n’est prophète en son pays». Et la clientèle de Pierre Schaffo vient essentiellement des cantons, voire des pays voisins. «Au début, j’avais deux collaborateurs… Puis les circonstances ont fait que je me suis retrouvé tout seul…» Aujourd’hui, bien dans l’esprit, l’entrepreneur espère voir sa fille le rejoindre… «Elle a baigné dans cette ambiance puisque je la prenais avec moi au garage plutôt que de la déposer à la crèche.»
«Contre le virus de l’automobile, il n’existe aucun médicament», nous affirmait récemment un ancien pilote rencontré au hasard d’une course… Et ce n’est pas Pierre Schaffo qui va le démentir. Pilote à ses rares heures creuses, il peut se prévaloir de quelques jolis résultats, «entre autres, un 3ème rang dans ma catégorie au championnat suisse des courses de côtes en 2002». Passionné par son métier et tout ce qui l’entoure, le bonhomme construit aussi des simulateurs. «En 2010, approché par deux investisseurs, j’ai démarré un projet qui devait aboutir à la construction de six pièces…» La suite est à la fois logique et inattendue. «Les hommes d’affaires n’ont pas tenu leurs promesses… Mais j’ai tout de même construit un simulateur que j’ai présenté à divers endroits… Au final, j’en ai vendu quatorze.» De fortunés privés étant les principaux clients pour ses drôles de machines dont Pierre Schaffo assure la construction du châssis à la décoration en passant par la coque et la décoration… «L’informatique est faite par des spécialistes.»

Et en plus, il y a les accessoires… Après avoir débuté tranquillement dans la vente, il s’est rapidement rendu compte du potentiel de ce marché spécifique… En 2009, il s’approchait de l’importateur Oreca de l’époque et devenait l’un de ses meilleurs clients… «Et en 2016, Oreca m’a confié l’exclusivité pour la Suisse.» Avec actuellement un léger, mais alors très léger, bémol… «Je travaille sur la mise en ligne d’un site de vente, mais je tiens à privilégier le contact…» Paradoxe certes, mais passage obligé aussi dans le contexte contemporain. Reste que site ou pas, la connaissance du produit est un atout incontestable que possède Pierre Schaffo. «Je connais le métier, je suis aussi pilote, je peux me mettre à la place de mes clients et comprendre leurs problèmes.» Il n’empêche, pour décrocher le contrat Oreca, tout n’a pas été aussi simple qu’il n’y paraît. «Lorsque la personne chargée des agents est arrivée au Locle, il a fallu convaincre. La surface de mon magasin et sa déco ne correspondaient pas réellement aux critères standards… Heureusement, les chiffres parlaient en ma faveur.» Et aujourd’hui, même si «l’atelier et le travail manuel me tiennent à cœur», Pierre Schaffo passe l’essentiel de son temps sur le dossier Oreca, «je dirais environ 75% de mes journées».
Cela n’empêche pas la préparation d’une monoplace pour sa fille Julia, l’entretien de son proto qui roule encore au gré des disponibilités de son propriétaire, quelques travaux d’atelier, et surtout cette irrésistible envie d’aller jusque dans le moindre détail de chaque chose pour en tirer le meilleur… Passionné, un peu, beaucoup, passionnément…

Pour mémoire ou information, le groupe Oreca, acronyme d’«organisation exploitation compétition automobile» a été fondé par Hugues de Chaunac en 1972 et est actuellement installé sur deux sites principaux à Magny-Cours et Signe, près du circuit Paul Ricard, avec deux représentations en Asie et aux Etats-Unis. D’abord exclusivement écurie automobile, Oreca joue sur tous les tableaux de la compétition, endurance, monoplace, rallye, etc… Des pilotes comme Jacques Laffite, Jean Alesi, Alain Prost, Hubert Auriol, Eric Hélary ou encore Yvan Müller ont fait confiance à Oreca qui aujourd’hui fourni l’essentiel des châssis des prototypes LMP2, et assure l’exploitation des Toyota LMP1, entre autres. Au fil des années, Oreca a passé du statut de préparateur à celui d’entrepreneur global dans le domaine de la compétition automobile avec une offre d’accessoires, de cours, de voitures, et autres…L’entreprise compte quelque 200 collaborateurs.
Crédit images: Suisse AutoMag
Crédit images: Suisse AutoMag + Pierre Schaffo