Toyota-Audi-Porsche… Le tiercé des 6 heures de Fuji (Japon) sonne comme un coup de semonce pour le 3ème nommé…
Rapide de chez rapide, l’analyse retiendrait la vitesse d’Audi, la persévérance de Toyota et les errances de Porsche… Mais passionnante et haletante à souhaits, la course mérite bien mieux qu’un résumé certes réaliste, mais tellement réducteur…
Rappelons pour la petite histoire que Porsche à dominé, presque outrageusement, les six premières courses de la saison… Il y a bien eu une victoire Audi à Spa, mais dans le contexte elle fait plus figure d’anecdote que de véritable changement. Au pied du Mont Fuji par contre les cartes semblaient totalement redistribuées. Et c’est tant mieux! Malchanceuses au Mans, les Toyota tiennent désormais leur revanche, mais si en WEC plus qu’ailleurs encore, comparaison n’est pas raison. Il n’empêche, au terme d’une course incroyable et indécise jusque dans les derniers kilomètres, la Toyota #6 (Sarrazin, Conway, Kobayashi) a décroché la timbale… Dans l’absolu plus rapide, l’Audi #8 (Di Grassi, Duval, Jarvis) a dû se contenter de la médaille d’argent, alors que dans l’impossibilité d’aller chercher mieux, la Porsche #1 (Webber, Hartley, Bernhard) occupe la petite marche du podium… Reste que certains éléments ne résistent pas à un commentaire plus approfondi…
Avec un réservoir plus petit, mais aussi une consommation moindre, les Audi passent plus de temps à l’arrêt lors des ravitaillements… La «faute» à la fameuse balance de performance qui oblige un débit plus lent de la ‘pompe à carburant’. Mais, contrairement à ce que prétend l’inénarrable Luca Di Grassi, Audi ne s’arrête pas plus souvent que les autres et n’est pas totalement désavantagé par le règlement… Si les décomptes fournis par le WEC peuvent être considérés comme fiables, en LMP1 Hybrid chaque voiture s’est arrêtée à six reprises…

Mais Toyota a joué un sérieux coup de poker lors de l’ultime passage aux boxes renonçant à changer à la fois de pilote et de pneumatiques… Quelques litres d’essence et la #6 repartait… Audi pour sa part décidait de jouer la carte ‘prudence’, voire usure des adversaires, et rechaussait un train de gommes neuves… Résultat: quelque 25 secondes de bonus pour le constructeur nippon à l’abord du dernier round… Brillant au volant de l’Audi #8, Loïc Duval réduisait l’écart de manière constante mais échouait à une grosse seconde (1.439). Le plus inquiétant, pour les principaux intéressés du moins, est l’incapacité de la Porsche #1 et de son équipage champion du monde à combler le trou… Au volant lors du dernier ‘stint’ Mark Webber a dû se contenter d’observer ses adversaires et de les voir s’éloigner sans jamais sembler en mesure de lutter à armes égales…
Quant à la seconde équipe Porsche (Jani-Dumas-Lieb), actuellement en tête du championnat, elle semble marquer sérieusement le pas, même si le terme n’est pas très approprié pour des voitures… Depuis leur victoire inespérée au Mans, les trois compères de la Porsche #2 n’ont plus figuré sur un podium. Après trois 4èmes places, ils sont encore descendus d’un étage à Fuji pour terminer 5èmes. Du coup, leur avance au championnat fond comme neige au soleil… Certes encore confortable, elle a passé ce week-end de 37.5 à 23 unités… Et il reste deux épreuves à disputer, soit 52 points en jeu. Neel Jani n’a pas trop l’air de s’en inquiéter, même s’il relevait avant la course de Fuji que rien n’était acquis… Sentiment qui doit s’être encore renforcé au sortir de cette manche japonaise… Concernant la course proprement dite, Jani analyse: «Nous avons perdu beaucoup trop de temps dans la première partie… Au début tout allait bien, puis des morceaux de gommes sont restés collés sur le nez de la voiture et perturbaient l’aérodynamique… Nous avons dû changer le capot… Mais si nous voulons remporter le championnat nous devons absolument nous améliorer et marquer plus de points que nos adversaires directs…» Notons encore que la Toyota #5, celle de Sébastien Buemi notamment, a terminé au 4ème rang, alors que Marcel Faessler et Co étaient contraints à l’abandon, la faute à un caprice du système hybride de leur Audi.

Pour le reste, et c’est aussi réjouissant que mérité, l’écurie privée helvétique Rebellion a logiquement terminé derrière les ‘monstres’ d’usine, à savoir au 6ème rang, s’assurant dans la foulée le titre de la catégorie ‘privé’. Unique Rebellion encore engagée, la voiture #13 était pilotée par ses 3 mousquetaires habituels, à savoir les Suisses Alexandre Imperatori et Mathéo Tuscher associés à l’Autrichien Dominik Kraihamer.
En LMP2, catégorie également très disputée et attractive, l’Oreca-Nissan #26 (Rusinov, Brundle, Stevens) a passé le drapeau à damiers en tête de peloton…

Dans le même temps, Ford se rappelait au bon souvenir de ses adversaires en plaçant deux voitures aux deux premiers rangs LMGTE Pro… Victoire pour Priaulx-Tincknell et 2ème place pour Mücke et Pla. Du côté LMGTE Am, Dalla Lana, Lamy et Lauda (Aston Martin #98) se sont joués de la concurrence…


Au général, Neel Jani, Romain Dumas et Marc Lieb sont toujours en position de force (140 points) , mais n’ont ‘plus que’ 23 unités d’avance sur le trio Sarrazin, Kobayashi, Conway et 28.5 sur Di Grassi, Jarvis et Duval…

Crédit images: cp Rebellion + Photo©AdrenalMedia.com