Tourné vers Le Mans, Porsche ne se faisait aucune illusion et avait anticipé en claironnant que Toyota aurait l’avantage pour les deux premiers affrontements du millésime…
Neel Jani nous l’avait confié entre quatre yeux avant même le prologue de Monza… Porsche l’avait communiqué dès les premiers tours de roues… Les observateurs attentifs du championnat du monde d’endurance (WEC) n’avaient aucun doute… Nouveau règlement oblige, les choix de kits aérodynamiques seraient décisifs sur les tracés des deux premières étapes de la saison 2017. Une fois les options des écuries LMP1 connues, l’affaire était limpide. Toyota possédait un avantage certain sur les tracés de Silverstone et Spa… Pour mémoire, deux kits sont disponibles pour l’ensemble du championnat… Alors que les Allemands de Porsche ont fait le choix de débuter avec la configuration aérodynamique dite à faible trainée, celle qui sera utilisée pour les 24 Heures, les Japonais de Toyota ont décidé de faire confiance à l’appui maximal et ainsi donc de jouer la carte de la victoire d’entrée de cause. Les deux constructeurs veulent, et ne le cachent pas, remporter l’épreuve reine de la Sarthe… Mais leur manière d’aborder l’échéance est différente. Porsche a profité des deux premiers rendez-vous pour peaufiner ses voitures en vue du Mans, Toyota a préféré marquer des points et se tourner ensuite vers le nord de la France…
Victorieux à Silverstone, Sébastien Buemi a récidivé à Spa, alors que les Porsche se sont contentées des places d’honneur… Certes le scénario était écrit, mais il est un peu dur à avaler pour les champions du monde en titre… Même si, en Belgique, tout a commencé de belle manière pour Neel Jani et ses coéquipiers… En retrait lors des essais libres, la Porsche #1 émergeait en qualifications… Rappelons, d’abord, qu’en WEC, la pole position représente la combinaison des meilleurs temps réalisés par deux pilotes. Dans ce contexte, Jani signait un chrono de référence, Lotterer complétait le travail et la 919 se retrouvait en pole position… «Je ne pensais pas pouvoir approcher la barre des 54 (ndlr. 1’54’’), alors je suis le premier surpris d’avoir décroché un 53.7…» Explication de Neel Jani lors de la conférence de presse post qualifications. A ce stade-là, personne ne se faisait toutefois trop d’illusions sur les possibilités de contenir le trio Toyota durant les six heures de course. «Nous partons devant, mais la lutte va être intense et longue… Nous ferons de notre mieux, mais…», analysait André Lotterer qui pour l’occasion décrochait sa première pole sous sa nouvelle combinaison.

En course, la Porsche #1 faisait illusion durant quelques tours puis, comme prévu, cédait sous la pression des Toyota… A noter au passage que le constructeur nippon avait, pour le coup, engagé trois voitures comme il a l’intention de le faire au Mans… Très, trop, rapidement les Porsche devaient se contenter de suivre le tempo imprimé par leurs adversaires… Au gré des arrêts, des changements de roues, des pleins d’essence les positions se modifiaient, mais à la régulière Toyota avait l’avantage, même si les écarts sont longtemps restés très infimes… Au fil des tours, la Toyota #8 que Sébastien Buemi partage avec Anthony Davidson et Kazuki Nakajima faisait la différence sur la voiture sœur, la #7 de Conway et Kobayashi… Mais sans jamais vraiment être en mesure de prendre un avantage substantiel… Preuve en est puisque seules deux petites secondes séparent les deux ‘Toyot’ sous le drapeau à damiers… Chez Porsche, la #2 de Bernhard-Hartley et Bamber s’est finalement classée devant la #1 de Jani-Lotterer-Tandy… «Il est évident qu’en partant en pole nous espérions mieux qu’une 4ème place… Mais même si nous n’avons pas été aidé par la stratégie, il faut admettre que les Toyota étaient intouchables…», disait en substance Neel Jani. Reste qu’après six heures d’une course intense de chez intense, les quatre LMP1 de tête ne sont séparées que par 1’25… Mieux, les trois équipages du podium se tiennent en 35 secondes… Quant à la 3ème Toyota (#9 Sarrazin-Lapierre-Kunimoto) après avoir joué dans la même cour que ses camarades, elle a connu quelques problèmes et termine au 5ème rang.

En LMP2 aussi la bagarre a été somptueuse… Quelquefois rugueuse et sans concession aussi, tant les premières places sont chères. Au petit jeu des frottements, des arrêts réparation supplémentaires, voire des pénalités, les Vaillante-Rebellion ont fait la course parmi les premiers et se classent finalement 2ème (#31 / Prost-Senna-Canal) et 4ème (#13 / Piquet-Heinemeier-Bèche)… Pour sa part, Jonathan Hirschi, épaulé par Vergne et Graves sur la Manor #24 a connu pas mal de déboires qui l’ont empêché de jouer les tout premiers rôles et boucle son pensum à la 7ème place de la catégorie. «Nous sommes bons sur un tour, mais devons encore apprendre à jouer la distance. Nous avons fait de bonnes qualifications, mais n’avons pas géré notre course de manière optimale», estimait Hirschi. Engagé sur la Manor #25, Simon Trummer non plus n’était pas totalement satisfait de l’épilogue de ces six heures de Spa qu’il termine juste derrière ses coéquipiers. Ah oui, les Helvètes mis à part, signalons tout de même la victoire de l’équipage G-Drive #26 (Rusinov-Thieret-Lynn)…

Relevons encore la victoire de la Ferrari #71 (Rigon-Bird) en division LMGTE Pro… Et celle de l’Aston Martin #98 (Dalla Lana-Lamy-Lauda) en LMGTE Am…


Championnat du monde. Classement après 2 épreuves / 9.
- Buemi, Nakajima, Davidson, 50 points. 2. Hartley, Bamber, Bernhard, 33. 3. Jani, Lotterer, Tandy, 28.
Crédit images: © Suisse AutoMag
Avec en prime quelques clichés d’ambiance… Sans commentaires ou presque…
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