Simone Faggioli récolte sa 7ème victoire jurassienne alors que Christian Merli (photo de Une) signe le nouveau record du parcours…
Soleil, chaleur, ambiance, vitesse et record… La 74ème édition de la course de côte St-Ursanne – Les Rangiers a vécu et bien vécu… La porte s’ouvre sur le prochain millésime, celui des 75 bougies. Mais avant de l’enterrer, détaillons quelque peu la course 2017 marquée du sceau de deux grands bonhommes de la spécialité, les Italiens Faggioli (Norma) et Merli (Osella).
Bon, en préambule liquidons les choses qui fâchent et tentons d’effacer du tableau les interminables heures d’attente… Certes, la course de côte est ainsi faite que chaque sortie de route, voire touchette est susceptible de provoquer quelques dégâts, non seulement à la voiture concernée, mais encore au décor protecteur composé de bottes de paille et de glissières métalliques. Et l’indiscutable logique sécuritaire oblige les organisateurs à remettre en état les éléments endommagés… Jusque-là rien à redire! Mais lorsque les accidents, heureusement sans gravité pour les pilotes, succèdent aux accidents, les interruptions aux interruptions et que les heures d’attente s’accumulent, les observateurs s’interrogent… Surtout lors du respect d’une (trop) longue pause de midi dans un horaire déjà largement écorné.
Par bonheur, les pilotes grognent un peu, s’énervent beaucoup, mais roulent passionnément. Même si samedi lors des essais, les candidats au titre continental se sont livrés à un poker menteur de belle tenue en coupant les gaz à quelques dizaines de mètres de la cellule d’arrivée pour tenter de masquer leur réel potentiel… Reste que «vedettes» du championnat d’Europe ou pas, chacun veut dompter ce tracé mythique et inscrire son nom sur le haut des tabelles. Record de classe ou de groupe à la clé pour certains, chronos de référence général pour d’autres… A propos de référence, de record si vous préférez, celui établi l’an dernier par Simone Faggioli (1’42.118) a été sérieusement mis à mal cette année. Par son propriétaire d’abord qui l’a ‘explosé’ – non, non le terme n’est pas trop fort en pareil contexte – lors de la première manche déjà en coupant la ligne en 1’41.597. Avant de récidiver lors de sa seconde montée avec une marque à 1’41.722. De l’avis général, ou presque, en matière de record comme de victoire finale, la messe était dite après le premier passage. Principal contradicteur de Faggioli dans la lutte au sommet de la journée comme du championnat d’Europe, Christian Merli, italien aussi, n’avait réalisé ‘que’ 1’42.392 en première instance et semblait (déjà) battu. Si les prédictions s’avéraient finalement exactes pour la victoire ‘scratch’ du jour, elles volaient en éclats, comme le record, dans le domaine parallèle. Piqué au vif, Merli tirait les trajectoires parfaites et claquait un chrono de 1’41.530 en fin de journée… Nouveau record du parcours à la moyenne de 183.670 km/h. Mais revenons à Faggioli, vainqueur une première fois en 2009, il a remis la compresse en 2012 et, depuis, n’a plus lâché son os jurassien… Cette année, il inscrit donc son nom au sommet de la hiérarchie des Rangiers pour la 7ème fois, égalant ainsi le record de victoires établi par Fredy Amweg (1981-86-94-95-96-97-98). Suivent, Marcel Tarrès qui l’a emporté six fois (1985-87-88-89-90-91) et le regretté Lionel Regal victorieux à cinq reprises (2002-04-06-07-08).


Pour le reste, et même si le grand public comme d’ailleurs les médias s’y intéressent moins, le peloton 2017 de la manche helvétique du championnat d’Europe de la montagne se composait de quelque 240 participants répartis dans une kyrielle de groupes et de classes qui rendent (très) difficile la compréhension et l’évocation des exploits de chacun… Signalons que derrière les deux ‘fusées’ italiennes évoquées plus avant, c’est le Suisse Marcel Steiner qui monte sur le podium général… à plus de 13 secondes au cumul des deux manches. Histoire de souligner, si besoin est, la dure réalité qui sépare des pilotes quasi professionnels d’un excellent amateur. A noter encore que Reto Meisel a placé sa Mercedes dans le top 10 de l’épreuve et en première place des voitures dites fermées. Et restons-en là, les différents classements établis tant par les chronométreurs officiels que par la FIA étant partagés entre les participants légitimes au championnat d’Europe, les autres, les ceci et les cela… Bonjour la complication!
Mais ne boudons pas notre plaisir, sachant qu’en marge de la course proprement dite, St-Ursanne se transforme le temps d’une fin de semaine en un lieu aussi sympathique que surprenant. Entre les voitures de compétition et les bâtiments et autres lieux médiévaux de la bourgade, les anachronismes sont nombreux… Travaux obligent, le pont St-Jean a retrouvé sa vocation première de porte d’entrée de la cité… Une ambiance toute particulière règne quelques jours durant sur les bords du Doubs et au pied de la collégiale. Autant d’éléments qui participent au mythe de la course St-Ursanne – Les Rangiers.
La rencontre
Croisée au hasard des rues de la bourgade de St-Ursanne, Rahel Frey nous a gratifiés de son éclatant sourire… La pilote professionnelle (Audi) était présente à titre privé pour représenter le garage familial dont l’une des succursales est désormais installée à Develier. «Je poursuis ma carrière de pilote en Allemagne avec une vingtaine de courses par année, mais il est bon d’assurer l’avenir avec une autre occupation car qui sait de quoi demain sera fait. Je suis parfaitement consciente que sur le plan de la compétition tout peut s’arrêter d’un jour à l’autre, alors…»

L’anecdote
Autre personnage, autre ambiance. Attablés pour le repas de midi dans un restaurant de St-Ursanne, nous avons croisé un personnage pour le moins inhabituel, même si très sympathique. Entré dans l’établissement, le Monsieur a gentiment demandé à la serveuse de bien vouloir fermer la porte donnant sur la rue principale «je voudrais pouvoir manger sans être dérangé par le bruit des moteurs», a-t-il précisé pour justifier sa requête… Incroyable, mais vrai!
Crédit images: Suisse AutoMag