Auteur Gil Egger.
Le volume intérieur est devenu une tradition
En quelques années, les voitures «monovolume» ont pris leur place sur nos routes. Convaincantes en premier par leurs aspects pratiques, elles ont acquis des qualités routières indéniables.
Les marques automobiles généralistes se font un devoir de répondre à toutes les demandes du marché. Elles tentent souvent de les anticiper. C’est ce qui s’est passé avec les monospaces, dont les qualités premières étaient le grand volume intérieur de leur habitacle. Il existait bien des voitures hautes sur pattes et de dimensions généreuses, mais il faut bien reconnaître qu’il s’agissait davantage de petits utilitaires réaménagés.
Précurseurs et suiveurs
Dans le segment des tailles moyennes, Opel a osé créer le Zafira, avec quatre portes normales et non coulissantes, cinq places, puis sept. Mais le marché est très compétitif et désormais le choix s’est considérablement élargi. Quand le groupe VW a décidé d’occuper ce créneau, son Touran a pris une position importante, grâce au réseau très dense tissé par amag. Les Français ont développé un savoir-faire intéressant et le Renault Scénic présente des caractéristiques originales. Il s’est notamment imposé par son comportement routier très proche d’une berline normale. Citroën a construit le C4 Picasso, lui aussi disponible en deux longueurs comme son concurrent Scénic.
Ford a décliné son C-Max en plusieurs variantes. Toyota a imaginé son Verso, compact et facile à utiliser en ville. Tout récemment, Kia a renouvelé profondément son Carens, avec, toujours, la garantie de sept ans.
Fidèle aux portes arrière coulissantes, le Mazda5 se positionne à mi-chemin de deux catégories. La Mercedes-Benz Classe B porte sur elle la responsabilité des monospaces compacts étoilés, puisque l’ancienne Classe A assez ressemblante a totalement changé de vocation.
Le fait remarquable de cette palette ne se situe pas seulement dans la variété des logos qui se sont ingéniés à produire des monospaces compacts. Ce qu’il faut dire, c’est que leur conduite présente l’avantage d’une vision un peu plus haute que la normale, tout en manifestant des tenues de route parfaitement sûres et faciles à maîtriser.
L’ingéniosité des concepteurs se dévoile dans l’extraordinaire éventail des possibilités d’aménagement de l’intérieur. Finis les casse-têtes pour savoir comment basculer complètement un siège, ou abaisser le dossier du passager avant: on vous montre une seule fois comment cela s’effectue et vous avez la souplesse de transporter le nombre de passagers, les colis ou les équipements volumineux que vous voulez.
Quand on a besoin d’un plus grand que soi
La taille compte quand on doit partir à sept, ou emporter des bagages encombrants. La réponse a commencé avec un précurseur, le Renault Espace.
L’idée née chez Matra a abouti au Renault Espace. C’était il y a trente ans et depuis, Renault reste le leader, tout le monde a suivi, et on ne compte plus les monospaces de taille respectable. Avec le temps, les propositions ne se sont pas contentées de faire valoir leur capacité volumétrique, elles ont ajouté des éléments de confort. Le Mercedes-Benz de Classe V joue cette carte, mais il n’est pas le seul. On sait que Lancia va peu à peu disparaître des pays européens, à l’exception de l’Italie, son Voyager, une véritable institution, pourrait retrouver son origine américaine et porter à nouveau le badge Chrysler. Son luxe intérieur, avec six fauteuils, poussait le soin aux passagers à son paroxysme. La déclinaison cuir est désormais un choix que tous les constructeurs se doivent de faire figurer à leur catalogue. Et… La tradition perdure…
Chez Ford, le S-Max remplit le même office. Seat ajoute une transmission intégrale à son Alhambra, un argument qui a toujours des chances de convaincre dans notre pays. Même chose pour l’imposant Ssangyong Rodius qui a été complètement repensé et commence à remporter des succès dans son genre. Citroên a allongé son C4 Picasso de quelques centimètres et l’a affublé du mot «Grand» pour bien montrer qu’il change de catégorie. Le Peugeot 5008 partage la même base et permet de prendre ses aises.
Ils sont petits, mais ils en font un maximum
On observe une perméabilité entre les catégories. Et entre les tailles. Le seul critère à retenir sera l’adéquation avec vos besoins. Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, Renault, avec la première Twingo, et Honda, avec la Jazz, inventaient le monospace urbain sans l’appeler par son nom. Courts, mais avec des sièges bien malins, que l’on pouvait faire basculer dans la Française ou dont le placet se levait en un geste pour emporter sa plante verte dans la Japonaise.
Variations infinies
Où ranger une Kia Soul? Elle a l’air d’une baroudeuse, ce que dément sa propulsion traditionnelle, alors que ses dimensions pour emporter des colis encombrants sont réelles. On pourrait se poser la même question pour la Nissan Note, si pratique, ou la Hyundai ix20. La forme cubique du Skoda Roomster suggère une grosse capacité. Elles additionnent les avantages, cumulant la facilité offerte par des véhicules urbains et la générosité de leur chargement. L’Opel Agila fait de même dans une taille encore inférieure.
L’ingéniosité au pouvoir
Les tabous sont tombés. En Allemagne, une loi interdisait d’installer des portes à ouverture inversée sans dispositif les condamnant totalement en roulant. L’Opel Meriva a franchi l’obstacle sans coup férir. Les mamans sont rassurées d’avoir un espace protégé entre les ouvrants avant et arrière, et l’accès facilite l’installation d’un enfant dans son siège réservé. Ford a trouvé une autre solution: enlever le montant intermédiaire, faire coulisser la porte arrière. Le B-Max joue aussi la carte de tout organiser pour qu’on oublie tout souci quand on emmène les petits, ou qu’on a besoin de charger des colis spéciaux.
Ils font bande à part pour vous être agréables
L’originalité n’est pas toujours une qualité, pourtant dans le domaine automobile elle est passée du côté des bons arguments. Exemples de formes, de propulsions à part.
Quand on établit la liste de ses besoins, on y fait rarement figurer en tête le style. Puis on se pose la question: quel design? De la réponse peuvent dépendre des choix très variés. Car d’autres interrogations nous orientent parfois assez loin de ce que nos goûts esthétiques nous commandent d’ordinaire.
Les deux moteurs
Une partie des consommateurs se penche sur les qualités écologiques des véhicules avant de faire leur choix. Dans ce contexte, ils ont eux aussi une palette contrastée à étudier. Toyota a ainsi redessiné sa fameuse berline Prius, en ajoutant à son nom le signe «plus» qui montre qu’elle possède du volume supplémentaire. Ce monospace n’a pas tardé à convaincre des compagnies de taxis, car la motorisation hybride fait davantage son effet sur des trajets courts que sur autoroute. Peugeot a placé les deux propulseurs de la 3008 différemment: le thermique à l’avant, l’électrique à l’arrière, faisant d’une pierre deux coups. L’hybride acquiert dans ce cas la capacité d’entraîner les quatre roues, donnant d’évidentes facilités sur des revêtements glissants.
Des styles qui attirent l’œil
D’autres constructeurs placent leur souci de se distinguer ailleurs. Chez Dacia, la philosophie reste la même: proposer un gros volume dans le Lodgy, à un prix attractif puisqu’une partie des composants provient de modèles déjà éprouvés. Fiat a sérieusement gonflé la petite 500 en lui ajoutant deux portes, de la longueur (d’ailleurs elle s’appelle «L») et une hauteur inhabituelle. Pour satisfaire les amateurs d’espace supplémentaire, une version «Living» prend encore des centimètres. Ceux qui ne s’en contenteraient pas se tourneront vers le Fiat Freemont, dont la variante à transmission intégrale plaît dans notre pays.
L’origine utilitaire de certains monospaces présente l’avantage du prix: leur base est faite pour travailler. Ainsi, très bien équipés et aménagés, ils ont un coût plus bas, que ce soit un Renault Kangoo, un Ford Tourneo Connect, un Opel Combo ou un VW Cross Caddy. L’extérieur n’a peut-être pas un style très citadin, les prestations suffisent à convaincre. En privilégiant une motorisation raisonnable, on pourra faire le calcul de ses économies annuelles. / Gil Egger