Audi, Porsche, Toyota, Faessler, Jani, Buemi… Après six heures d’une bagarre intense le tiercé tient en moins de 15 secondes.
Et dire que certains se lèvent encore au milieu de la nuit pour voir tourner un petit train de F1 à l’autre bout de la planète! Difficile à comprendre. De l’autre côté de la manche, nos collègues journalistes se posent ouvertement la question, qui de la F1 ou du WEC mérite une attention soutenue. Après le spectacle présenté en fin de semaine dernière à Silverstone, la réponse est évidente… Passionnant, toujours en mouvement, doté de pilotes de première classe, le WEC c’est juste génial!
Mais revenons aux réalités de la piste. Pour cette première étape du championnat du monde, tout le monde attendait la Toyota #1 et surtout, esprit national oblige, Anthony Davidson. Sur le superbe circuit de Silverstone, les voitures nippones n’auront pourtant montré qu’une seule fois leur bout de leur capot aux avants postes lors des séances de tests et de qualification. Audi et Porsche se permettant de jouer les lèses majesté en s’octroyant systématiquement, ou presque, le podium chronométrique. La Toyota des champions du monde n’apparaît qu’une fois sur le haut des tabelles en libres 3… Au final de ces tours individuels, autrement dit en qualifications, c’est Porsche qui réalisait les meilleurs chronos et installait ses deux voitures sur la première ligne.
Dimanche midi, que c’est long une matinée d’attente, les choses très sérieuses commençaient. Le duo Porsche ne laissait personne s’infiltrer en tête de course. Mark Webber (#17) précédait Romain Dumas (#18) qui devait surveiller les attaques des Audi, notamment. Puis six heures durant le ballet se poursuivait… Avec un premier coup de poisse pour Weber qui devait s’arrêter sur ennuis mécaniques et ne pouvait revenir en piste… Les Toyota aussi connaissaient leur lot de petits problèmes et touchettes diverses.
En tête de meute, l’Audi #7 (Faessler-Tréluyer-Lotterer) menait la danse devant la Porsche #18 (Jani-Dumas-Lieb) et la Toyota #1 (Buemi-Davidson-Nakajima)… Au fil des arrêts aux stands les positions des trois voitures se mélangeaient… Les observateurs attentifs remarquaient aussi que la Porsche s’arrêtait moins souvent que ses adversaires, récupérant quelques tours à chaque passage aux boxes. Autre stratégie Porsche également, les pilotes changeaient plus souvent, pour ne pas écrire à chaque arrêt. Plus l’heure avançait, plus il devenait patent que la Porsche #18 gagnerait un arrêt sur ses deux contradicteurs principaux. Et dire qu’avant la course Neel Jani déclarait que le circuit de Silverstone n’était pas des plus favorables pour la Porsche…
La tension montait, dans la dernière heure la FIA, comme si c’était indispensable, se mêlait au suspens en pénalisant Marcel Faessler pour une manœuvre certes litigieuse, mais sans danger aucun et sans influence aucune sur la course des hommes de tête. «J’étais fâché et certain de perdre tout le bénéfice de la course… Et puis tant d’autres ont fait la même chose et n’ont pas été pénalisés», lançait Faessler à l’heure de l’interview. Heureusement, la décision administrative n’a finalement pas faussé l’équité sportive. Faessler effectuait son «stop and go» et repartait en tête quelques secondes devant Jani et sa Porsche… A ce stade de la compétition, Buemi et la Toyota ne semblaient plus en mesure de se mêler à la lutte pour la première marche du podium. Au terme de ces 6 Heures de Silverstone, 4.6 secondes séparent Faessler de Jani, alors que Buemi point à 14.8 sec. du vainqueur.
Finalement, et cela mérite d’être signalé, l’Audi #7 remporte la course avec deux arrêts supplémentaires en comparaison à la Porsche #18… Avec un petit arrière-goût de supériorité tout de même… «Nous avons beaucoup travaillé durant l’hiver et l’équipe nous a fourni une super voiture…», écrivait André Lotterer sur son compte Twitter.
Taquin Marcel Faessler à remercier Neel Jani: «oui, merci à lui de m’avoir finalement laissé un peu d’espace, même si avant la fin il revenait toujours et m’a montré qu’il pouvait me dépasser aussi.» Routinier, le triple vainqueur des 24H du Mans précisait encore: «c’est certainement l’un des plus duel que nous avons vécu depuis très longtemps.»
Jani abondait dans ce sens également et relevait: «de telles bagarres côte-à-côte ne sont possibles que si les protagonistes sont corrects et fair-play. Aujourd’hui avec Marcel c’était un peu comme nos courses de karting de l’époque, mais avec des voitures un peu plus larges et puissantes…»
Quant à Sébastien Buemi, plus rapide que l’éclair pour quitter la zone des journalistes, il a simplement relevé que sa voiture était compétitive, mais que le circuit de Silverstone ne convenait pas au mieux à la Toyota…
A noter encore qu’en LMP2, les Ligier-Nissan de G-Drive ont signé le doublé… La Ferrari de Bruni et Vilander remporte le LMGTE Pro, alors que l’Aston Martin de Lamy, Lauda Dalla Lana s’octroie la division LMGTE Am.
Images: Suisse AutoMag
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