Du côté du Mans Neel Jani entre dans l’histoire. Il devient le 2ème Suisse à terminer sur une victoire.
Jusqu’à ce dimanche 19 juin 2016, seul un Helvète avait inscrit son nom au sommet des tabelles des mythiques 24 Heures du Mans. Le Schwytzois Marcel Faessler. Et plutôt 3 fois qu’une… Il ne sera désormais plus isolé au pays des fameuses rillettes. Au terme d’un scenario incroyable de chez incroyable, le Biennois Neel Jani a rejoint son compatriote dans l’histoire des 24H.
Mais tentons de reprendre dans l’ordre. D’abord, samedi à 15 heures, l’orage a complètement chamboulé la procédure de départ. Comme le veut la désormais sacro-sainte sécurité, mais surtout la mainmise des télévisions, le directeur de course a décidé de lancer les débats sous régime de la voiture de sécurité, plutôt que de retarder la présentation du drapeau national. Soit! Le hic, pilotes et écuries et observateurs sont d’accord, c’est que la dite «safety car» est restée en piste plus que de raison. A chaque passage les huées du public attestaient d’ailleurs du ridicule de la situation. Quasi une heure de cinéma à vitesse réduite et sous conduite, Henri Pescarolo s’étranglait sur les ondes d’Eurosport… Juste avant 16 heures, la course, la vraie, a enfin commencé.
En résumé, les Toyota les Porsche étaient à la fête, les Audi à la peine… Mais c’est là une analyse très réductrice. Reste que, dans la soirée, Marcel Faessler ne pouvait déjà plus espérer grand-chose. Puis est venu le tour de la Porsche #1 (Webber-Hartley-Bernhard)… En tête de peloton, les deux voitures japonaises et la Porsche #2 participaient à une lutte à couteaux tirés. Chacune occupant la première place à intervalles réguliers et au gré des ravitaillements. Les Toyota tournaient au rythme d’un plein tous les 14 tours, la Porsche s’arrêtant tous les 13 tours. A quelques heures du terme, Sébastien Buemi et ses coéquipiers profitaient d’une erreur de leurs collègues de marque pour prendre le large. Neel Jani s’accrochait mais ne semblait pas en mesure de pouvoir revenir… C‘est alors que s’est manifesté un invité surprise. Nous avions vu Adriana Karembeu, Keanu Reeves, Jackie Chan, ou encore Brad Pitt, les organisateur avaient par contre omis de nous signaler qu’ils avaient convié l’esprit d’Alfred Hitchcock…

Largement en avance sur ses uniques contradicteurs du moment, La Toyota #5 s’arrêtait dans la ligne des stands à l’entame du dernier tour… ENORME COUP DE THEATRE! «Le garage m’a annoncé qu’ils avaient des soucis et que je devais pousser au maximum. Mais quand j’ai vu l’auto arrêtée au début de la ligne droite, j’ai pensé que les deux Toyota voulaient terminer ensemble et que la 5 attendait la 6…», racontait Neel Jani à sa descente du podium. «C’était tellement inattendu que je n’ai même pas pensé à me réjouir… et puis il restait un tour.» Il est vrai que Jani aussi avait eu quelques sueurs froides quelque 20 minutes plus tôt. Il avait d’ailleurs effectué un passage inattendu par les stands. «Un souci avec la roue avant gauche… Je pense que le pneu n’aurait pas tenu jusqu’à l’arrivée…» Reste qu’avec l’abnégation et la pugnacité qui est la sienne, avec le coup de pouce d’Alfred aussi, Jani a mené la Porsche 919 à la victoire. Chapeau!

Heureuse pour Neel, la délégation des journalistes helvétiques était unanime à déplorer la poisse qui semble coller aux roues de Sébastien Buemi, privé de victoire et de classement pour un petit tour, même si au Mans il compte 13 gros kilomètre. Chez Toyota les mines étaient déconfites… Quant représentants des médias japonais ils ont offert un spectacle poignant en versant des torrents de larmes en salle de presse. Finalement, la Toyota #6 décroche le 2ème rang, et l’Audi #8 monte sur la petite marche du podium… «Je ne le savais pas… L’équipe m’avait annoncé P4 alors je me suis dirigé vers le parc fermé… C’est là qu’ils annoncé que je devais aller au podium…», expliquait Lucas Di Grassi. Petite explication en guise de conclusion: pour être classée et garder sa 2ème place, la Toyota #5 aurait dû passer sous le drapeau à damiers au maximum 6 minutes après les vainqueurs. Caramba encore raté!

Crédit images: Suisse AutoMag