Texte: GIL EGGER
La mode a beau avoir mis les SUV (Sport Utility Vehicles) sous le feu des projecteurs, cela n’empêche pas les monospaces de conserver leur place.
Les arguments prêchant en faveur de voitures affichant un grand volume intérieur ne manquent pas. Certaines marques ont préféré reporter leur attention sur les SUV, mais la plupart gardent des monospaces à leur catalogue. Quitte à faire se rencontrer les deux mondes en offrant des avantages combinés. C’est le pari qu’a fait Renault, dont l’Espace ne pouvait plus se contenter de la refonte cosmétique d’une silhouette archiconnue, celle qui a, en réalité, inventé cette catégorie de véhicules. Le dernier Espace ressemble à un… SUV! Qu’est-ce qui a changé? La modularité a été poussée encore plus loin, et l’allure cède à la mode. La conduite fait également un pas en avant, le plaisir fait désormais partie du cahier des charges.
La refonte du Renault Scenic
Renault a toujours eu plusieurs choix dans son catalogue. L’Espace peut parfois apparaître un peu gigantesque. Voici donc les petits frères, Scenic et Grand Scenic, la différence de longueur entre les deux permettant d’installer sept sièges dans le second. Extérieurement, les designers ont également choisi un compromis pour ressembler à autre chose qu’un monospace. Et ils n’hésitent pas à flirter avec la tendance du moment. Inutile de dire que là aussi, l’accent a été mis sur la modularité, comme sur la connectivité.

La démarche est un peu différente chez Fiat. La 500 L continue sa carrière sans sourciller, mais il fallait un peu de piment pour lui redonner un coup de fouet. Une refonte profonde a été entreprise, près de quatre composants sur dix ont été revus. L’aspect extérieur ne surprendra personne puisqu’il ne change quasiment pas. Une variante Cross apparaît. Ses ajouts de carrosserie lui confèrent une allure plus aventureuse, qui ne va toutefois pas jusqu’à prévoir la transmission intégrale, cette possibilité étant réservée à la Fiat 500X.

Nous avons parlé de l’esprit pionnier du Renault Espace, impossible de ne pas en faire de même pour l’Opel Zafira, dans le segment des compacts. Sa taille réduite a incité ses concepteurs à imaginer des sièges de secours s’escamotant sous le plancher à l’arrière. L’utilisation devient aisée pour une famille, qui a besoin de transporter les enfants de la maison et leurs copains ou copines au sport, par exemple. Et toutes les courses de la semaine un autre jour.

L’ingéniosité et la traction intégrale s’invitent
Seul de son genre dans les dimensions réduites, le B-Max de Ford adopte les portes arrière coulissantes. L’accès aux places postérieures est facilité. Les papas et les mamans qui installent un enfant dans le siège adéquat apprécient en général beaucoup l’aisance que cela procure. Le C-Max offre plus de volume, mais quatre portes «normales». Le cousin Grand C-Max revient aux coulissantes, tout comme le S-Max, qui concourt dans un segment nettement plus généreux en taille. La variante 4×4 s’impose dans les régions alpines. Si le besoin est encore plus grand, le Galaxy se révèle judicieux.
Il a fallu un peu de temps à Volkswagen pour investir ce créneau. La mission a été confiée au Touran, doublé plus tard du Cross pour ceux qui désirent parcourir des chemins difficiles. Le grand Sharan faisait déjà partie de l’offre, mais dans le genre géant, alors que la compacité a vu la clientèle se laisser séduire. Dans la même catégorie, une petite révolution est intervenue chez BMW, puisque son monospace de Serie 2 Active Tourer a adopté la traction, un mode de propulsion jusque là banni de la gamme. Cédant aux mêmes demandes que ses concurrents, BMW a ajouté la variante Gran Tourer permettant à sept personnes de se déplacer ensemble. Comme il se doit dans un pays friand de transmission intégrale, le dispositif xDrive est disponible.

Puisque nous en sommes aux enseignes considérées comme prestigieuses en Allemagne, signalons la Classe B de Mercedes-Benz, dont même une version purement électrique peut être commandée, ce qui pourrait intéresser toutes les personnes dont les déplacements quotidiens sont relativement courts. Le volume intérieur généreux et le style peuvent, comme il est d’usage, être très fortement personnalisés par les options. La variante 4MATIC répartit la traction de manière intelligente sur les roues.
Les Français misent sur la traction, fer de lance de toutes leurs voitures. Citroën C4 Picasso, en deux longueurs pour satisfaire tous les goûts, dégage une impression de modernisme, pour ne pas dire d’avant-gardisme, par son dessin original, en particulier celui de ses phares très effilés et haut placés. Toujours au catalogue, le C3 Picasso est en pleine phase de renouvellement et son visage ne déparera pas le reste de la gamme. Après tout, son petit nom de C3 lui vaudra certainement de ressembler à la berline portant le même. Peugeot a tourné sa veste, le 3008 se veut SUV, le grand 5008 aussi, mais nous le placerons tout de même ici, car le changement de silhouette est une chose, l’usage une autre et on peut le mettre sur le même pied qu’un Renault Espace quant à cette évolution.
Une diversité toujours plus grande
Les Coréens, qui ne le sont plus réellement puisque leur centre européen se charge de tout ce qui concerne ce continent, ont eux aussi leurs stars du genre. Commençons par le Hyundai ix20, la lettre X ne se référant pas à une transmission aux quatre roues. Mais la hauteur et les prestations le positionnent bien dans les monospaces compacts. La marque sœur Kia joue un peu plus haut avec le Carens, les sept fauteuils en sont le signe. La garantie de sept ans, toujours unique, rassure les planificateurs. Autre marque du même pays d’origine, Ssangyong, qui a pris son Tivoli, l’a débaptisé en XLV tout en augmentant la capacité en allongeant la partie arrière. Le gigantesque Rodius joue sur le tableau des vastes possibilités de chargement et de la transmission intégrale, qui s’enclenche quand c’est nécessaire, sinon ce sont les roues arrière qui sont motrices.

Le Japonais Toyota conserve fidèlement son Verso, compromis entre le volume et l’agrément de conduite. Plusieurs moteurs, certains combinés avec boîte automatique, contribuent à élargir le choix. Faut-il ranger à ses côtés l’hybride Prius+, ou le laisser avec les breaks? Un doute qui montre la perméabilité des genres, alors à vous de trancher!
Tout le monde ne rêve pas d’équipements sophistiqués ou de carrosserie savamment étudiée. Fidèle à sa vocation, pour ne pas dire son pari de départ, Dacia a également conçu son monospace. Le Lodgy a la prétention de satisfaire les besoins d’une famille, en jouant sur la modularité et l’économie d’achat et d’usage.
Et si on jouait un peu
Le designer ou l’ingénieur qui a eu un jour l’idée de prendre un utilitaire en le triturant un peu pour en faire un véhicule familial a eu un coup de génie. Rapidement, le mot «ludospace» est apparu. Ludique, certes, à l’intérieur. L’extérieur conserve un aspect fonctionnel, ce dont certains utilisateurs se fichent éperdument. Toutes les marques s’y sont mises. Et certaines comparaisons sont difficiles tant les solutions se ressemblent. Fiat y va de son Doblò, que vous pouvez même rehausser de 27 cm si sa hauteur ne vous suffit pas. Plus petit, le Qubo est plus modeste. Le Citroën Berlingo se décline en versions plus ou moins équipées, une palette de possibilités venue du fait que la demande est suffisante pour investir dans cet éventail. Renault mise sur son Kangoo, les côtés pratiques ont cédé peu à peu la place aux exigences de connectivité, les familles expriment ces besoins. La marque du groupe Dacia appelle Dokker son véhicule de genre comparable. Chez Volkswagen, ce rôle est dévolu au Caddy, alors que c’est le nom de Partner qui retient l’attention chez Peugeot.

Pourquoi ne pas pousser le raisonnement plus loin en transformant des camionnettes? Les familles nombreuses se sont réjouies d’avoir le choix d’emmener plus de personnes dans un Renault Trafic Passenger. Toyota a repris le nom de Verso pour le Proace. Le Ford Tourneo Connect a évolué vers un confort et des équipements de plus en plus sophistiqués. Le Citroën Space Tourer suit la même tendance. Chez Mercedes-Benz, on a confié ce rôle à la Classe V, luxueuse et sur laquelle peut prendre place la transmission intégrale. On trouve encore l’Opel Movano, mais ces véhicules concernent de très grandes familles ou servent à un usage professionnel puisqu’ils peuvent transporter neuf passagers.
Volkswagen a toujours eu une tradition de ce qu’on nomme encore les «bus VW». Le nom a changé, il s’appelle Multivan. Avec, pour démontrer sa fidélité au passé, le California, dans lequel on peut… habiter, le temps d’une escapade. / Gil Egger