Le moins que l’on puisse écrire est que l’étude affirmant que les voitures hybrides et rechargeables (PHEV) sont une arnaque est tendancieuse et bourrée d’éléments fallacieux.
Petit rappel liminaire, pour ceux qui auraient manqué le sujet. Un bureau valaisan a récemment publié une étude financée par le canton éponyme pour arriver à la conclusion que les voitures hybrides et rechargeables (PHEV) étaient un leurre en matière d’environnement. Problème, l’étude en question est orientée, bourrée de points douteux et menée à charge. Incontestablement l’agence Labricole célèbre dans les années 80 pour ses enquêtes télévisuelles n’aurait certainement pas fait pire.
En parcourant le rapport établi par le bureau «Impact living», le lecteur fait une belle moisson d’aberrations et de lieux communs. En prétendant que leur document «représente une caution scientifique concernant les réelles performances des véhicules hybrides et rechargeables sur une topographie valaisanne» les auteurs limitent d’eux mêmes les tenants et aboutissants de leur document. En précisant que leur étude relative à des voitures hybrides n’a pas tenu compte du volet électrique mais uniquement de la consommation de carburant fossile, ils se discréditent dans la foulée. Et en relevant que «la variabilité de la consommation entre différents usagers est importante», ils enfoncent des portes ouvertes. Mieux, avant de tirer à boulets rouges sur les voitures PHEV, les auteurs admettent «l’écrasante majorité des participants ne connaissent pas le potentiel de leur véhicule et ne savent pas utiliser correctement la propulsion électrique». Et ce ne sont là que quelques exemples des inepties trouvées dans les premières pages du rapport qui en compte 38.
S’attarder sur chaque chapitre, ce serait donner trop d’importance à ce document. Mais comme certains de nos collègues qui, contrairement à la RTS et son téléjournal, ont fait leur boulot nous relèverons encore quelques points douteux. Celui du choix des voitures notamment. Sur vingt véhicules pris en compte quinze sont des Mitsubishi Outlander, certes appréciés mais parmi les plus lourds. Mieux encore, les autres sont des Volvo XC60, Ford Explorer et Opel Grandland. Tous des gros véhicules pesant près, voire plus de deux tonnes. Si le choix n’est pas tendancieux ça y ressemble. D’autant plus que parmi les voitures traditionnelles utilisés pour la comparaison se trouvent des BMW X1, Dacia Sandero, Smart, et autres petites du genre. Plus orienté tu meurs! Et en toute naïveté les pseudo-spécialistes avouent «Le lot de véhicules thermiques est composé d’une large gamme de différentes marques. Ces véhicules ne sont pas des modèles thermiques équivalents aux hybrides sélectionnés, mais pourront être comparés en fonction de leur puissance ainsi que de leur poids a vide.» Euh… Vous avez dit bizarre.

Quant à la méthode… Les participants ont relevé trois mois durant leur consommation de carburant à la pompe à essence… «Dans le cadre de cette étude, seules les consommations de carburant et leurs émissions de CO2 relatives ont été quantifiées. L’énergie électrique utilisée pour la recharge n’a pas été relevée.» Ou comment arriver à la conclusion sans passer par la case crédible. «Les résultats quantitatifs de notre étude (mesures IL) prouvent que les valeurs officielles provenant de la procédure d’essai (WLTP) ne représentent pas les valeurs de consommation de carburant et d’émissions de CO2 en conditions réelles d’utilisation.» Du blabla et des résultats qui transpirent l’orientation anti-voitures qui plaît tant à l’ATE. Parce que honnêtement le cycle actuel (WLTP) imposé mondialement aux constructeurs pour déterminer les critères de leurs voitures n’est certes pas parfait, mais beaucoup plus proche de la réalité que ne l’était l’ancien cycle européen (NEDC).
Pour notre part, nous avons fréquemment en test des véhicules aussi hybrides que rechargeables que nous utilisons de manière adéquate. C’est-à-dire en rechargeant les batteries chaque soir, voir plus si… Et notre constat est le même que celui de certains participants à l’enquête menée par Impact Living, «Conduite presque exclusivement en électrique». De fait, consommation très proche des données d’usine. Autant de réalités qui nous permettent d’affirmer que l’étude en question est largement orientée et donc d’une crédibilité douteuse. Affirmation que soutien le président d’auto-suisse, faîtière des importateurs, François Launaz. «Cette étude est scandaleuse et je préfère ne rien dire du sujet traité par le téléjournal de la RTS. Remettre en cause le cycle mondial d’homologation en commanditant une telle étude est incompréhensible. Je ne comprend pas comment un conseiller d’état valaisan peut s’appuyer sur un document pareil pour supprimer les aides financières concédées jusque-là à ce type de véhicules. Il est clair que si ces voitures sont utilisées correctement elles respectent les données d’usine.» Pour mémoire, suite à la publication de l’étude, le président du gouvernement valaisan Frédéric Favre (PLR) a supprimé le subventionnement jusque-là accordé aux acheteurs de voitures hybrides rechargeables. C’est du grand n’importe quoi.