Par Gil Egger
Nous avons rencontré Karsten Schnake, membre du comité de Škoda, responsable des achats et représentant du conseil d’administration pour le développement durable.
Tout d’abord, nous lui avons demandé ce qu’il pensait de la baisse des ventes électriques et des possibilités pour une marque de s’adapter.
Il a d’abord répété la conviction de Škoda: «Nous n’avons aucun doute que le futur sera de plus en plus électrique. Nous voyons qu’il y a des défis, dans certains pays, comme l’infrastructure de recharge. Notre credo chez Škoda est que nous construisons les voitures que les consommateurs veulent avoir.»
Sur le plan industriel, la marque installée à Mlada Boleslav en République tchèque a modernisé la chaîne de production, de sorte que les voitures électriques et les voitures à moteur thermiques peuvent être produites parallèlement sur la même chaîne. La demande pour le modèle phare Enyak est importante pour le moment.
Des batteries accessibles
La question des voitures électriques d’occasion se pose de manière générale. Karsten Schnake envisage le problème de manière large. Škoda adopte, selon lui, une attitude conservatrice garantissant la fourniture de pièces de rechange pendant un minimum de quinze ans, y compris pour les batteries.
La marque n’a pas choisi la façon la moins onéreuse de construire ses voitures, par exemple en intégrant les batteries à la structure. Au contraire, son architecture facilite le remplacement de modules. «Nous ne cherchons pas l’optimisation des coûts à tout prix sans tenir compte du service après-vente.»
Quand un client viendra pour acquérir une auto de seconde main, le discours sera clair, selon Karsten Schnake: «Nous savons comment la batterie a été chargée au cours de sa vie. Ce relevé du comportement du précédent propriétaire est à disposition de l’acheteur. Et nous pouvons changer des modules afin de conserver la valeur de la voiture au plus haut niveau possible. Ainsi le réseau peut offrir la voiture en disant: elle a un état donné, à un prix donné, si vous désirez plus d’autonomie, nous pouvons intervenir.»
Cela répond à un besoin essentiel pour la marque tchèque: la majorité des voitures sont financées par le leasing, et vont revenir au bout de trois ou quatre ans. La stratégie de conserver une valeur résiduelle élevée s’explique aisément. «Nous voyons que la capacité des batteries à haute densité diminue beaucoup moins que ce qui était attendu. C’est un constat positif pour toute l’industrie», ajoute M. Schnake.
Et le personnel?
Posez la question aux concessionnaires de toutes les marques, comment vont-ils gérer leurs ateliers dans le futur?
La réponse est toujours une interrogation inquiète. Les autos électriques ne demandent que très peu d’entretien. Les moteurs électriques s’usent très peu, il n’y a pas de réglage, même les freins sont préservés grâce aux dispositifs de récupération d’énergie.
Comment une marque comme Škoda peut-elle réagir?
«Nous avons une responsabilité sociale, raison pour laquelle nous faisons beaucoup de choses à l’interne pour l’assumer, au lieu de les externaliser. Notre compagnie appartient en partie à l’État, nous sommes très attentifs à cette question. C’est une tâche qui concerne nos usines autant que notre réseau de vente.»
Il insiste sur le fait que toute la chaîne, de la production au service après-vente, cherche à minimiser les conséquences pour le personnel. Peut-être que la souplesse industrielle peut y contribuer. M. Schnake a évoqué les crises récentes, COVID et guerre en Ukraine, ayant conduit à une pénurie de composants. Certains fournisseurs du groupe Volkswagen y produisaient du matériel. «Nous avons doublé les capacités techniques dans d’autres pays pour compenser cela, avec l’idée de revenir aussi vite que possible. C’est ce que nous avons fait et la capacité dans le pays a été entièrement retrouvée.»
Le fait de favoriser le travail à l’interne, d’avoir des contacts très étroits avec les partenaires peut adoucir les conséquences sur l’emploi. C’est toutefois un souci qui va durer.
BMW teste des robots humanoïdes. Est-ce que cela va venir dans les usines?
Le patron des fournitures est affirmatif, car avec les changements démographiques, il deviendra plus difficile d’avoir du personnel qualifié. «Nous aurons besoin de ces nouvelles technologies, d’une automatisation plus poussée. Les robots plus ou moins humanoïdes seront un besoin.»
Durable, à quel prix?
La toute dernière Škoda Elroq accueille de nombreux matériaux recyclés. Bonne initiative, mais à quel prix?
Eh bien, le responsable des fournitures s’étonne: des discussions animées au sein des équipes dirigeantes tournaient autour des prix, avec la question cruciale du coût final de production qui aurait renchéri de plusieurs centaines d’euros. À la surprise générale, certains de ces matériaux sont déjà proposés aujourd’hui à des prix abordables, et, «avec l’expérience, nous constatons que c’est plus ou moins zéro coût en plus», constate-t-il.
Crédit images: Gil Egger, service presse Skoda
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