Texte et photos: Gilles Rossel
Nicolas, Sacha et Alain. Le clan Prost sera au complet lors de la finale du 30e Trophée Andros au Stade de France… Et les deux fistons exhibent fièrement leur double nationalité.
Couronné par trois fois en 2007, 2008 et 2012, Alain Prost n’avait pas mis long pour entrer au panthéon du Trophée Andros. Son fils Nicolas lui avait emboîté le pas avec un succès similaire il y a de cela bientôt 10 ans, lorsque le championnat sur neige et glace s’était montré pionnier en inaugurant des buggys 100% électriques propulsés aux roues arrière. Sponsorisée par Enedis, la coupe avait été dominée par l’aîné du quadruple champion du monde de Formule 1 à deux reprises entre 2010 et 2011. Nicolas Prost avait ensuite laissé la main à Christophe Ferrier (cinq titres), se contentant de quelques apparitions sporadiques. C’était pour mieux revenir aux affaires fin 2016, puis dès l’hiver 2018 : sa nouvelle mission, développer un nouveau bolide aux électrons capables de rivaliser avec les voitures thermiques des catégories Elite et Elite Pro.
Alors qu’il effectue pour la première fois une saison complète dans la catégorie suprême, Nicolas Prost a été rejoint par son frère Sacha, resté étranger au pilotage automobile jusqu’en décembre 2017. Fondateur de la marque de vêtements 8JS, le deuxième rejeton d’Alain Prost a également décider de se lancer dans l’intégralité du championnat, mais au volant d’un buggy conçu par la firme Exagon et non pas en Elite Pro.
Entre les deux frères motorisés par l’électricité, l’enjeu est totalement différent. Attendu au tournant aux côtés de Franck Lagorce et Aurélien Panis, Nicolas doit prouver la compétitivité de sa nouvelle voiture face aux meilleurs pilotes de la discipline. Un challenge difficile : «Cela fait 6 ans que je n’avais pas fait le trophée en entier. Il va falloir monter en puissance et réapprendre quelques petites choses, mais j’espère être compétitif le plus vite possible. Mon but est de pouvoir viser les victoires et podiums en fin de saison.» Régulièrement dans le top cinq, l’aîné de la fratrie n’a jusqu’ici pas démérité, même s’il n’a pas atteint son objectif. Il faut dire que la mise au point de son bolide n’a pas été aisée : «La voiture étant neuve, nous avons eu pas mal de problèmes, mais le potentiel est énorme», déclarait-il en début de saison.
Amoureux de la mode et créateur d’une ligne en hommage aux gentlemen drivers des années 1970, Sacha Prost tient également à mouiller son maillot. «J’ai de bonnes sensations, et j’essaie d’être dans le coup pour ma première saison en visant le trio de tête», déclarait-il à Val-Thorens. Hélas, plusieurs erreurs – principalement lors des qualifications – sont venues contrarier son plan de marche lors des manches suivantes. «Les conditions de la piste changent énormément. Lorsque des ornières se créent, il faut aller chercher la poudreuse sur les côtés et gratter les cordes. J’en ai parfois trop fait. En Andros, il faut être régulier tout en s’adaptant en permanence, et en sachant lire la piste entre la glace, la neige et le goudron. Cela dit, c’est ma première saison face à des pilotes qui roulent depuis cinq ou dix ans. Je ne me mets pas de pression, j’ai envie de m’amuser.»
Hormis ce dernier objectif, les deux frères partagent un point commun sur les ceintures de leurs combinaisons : le drapeau français côtoie celui de la Suisse. Peu connue du grand public, la double nationalité des fils Prost n’avait pas toujours autant été mise en avant par ces derniers. Bien que privé de son volant chez l’écurie Rébellion en endurance à la fin 2017, Nicolas est resté fidèle à la firme lausannoise, laquelle décore sa voiture en plus d’être chronométreur officiel de l’Andros : «Je n’ai jamais été fâché avec eux. Après avoir été très lié pendant de nombreuses années, je reste leur ambassadeur, donc c’est génial de les avoir sur ma voiture», lâche-t-il. Quant à Sacha, il ne cache pas son enthousiasme : «J’aimerais bien un jour participer à une course du Trophée Andros en Suisse. Je suis fier de mes deux pays!»