C’était il y a 10 ans déjà. Souvenez-vous, au printemps 2015 : pour sa toute première épreuve sur le continent européen, la formule E avait choisi Monaco et c’est Sebastien Buemi qui en sortait vainqueur.

Toute neuve, scrutée d’un œil plus que méfiant par les passionnés de sport automobile dans le monde entier, la série 100% électrique lancée par Alejandro Agag avait fait couler beaucoup d’encre. Et qui avait gagné la course emblématique dans la Principauté, le 9 mai 2015 ? Un certain Sebastien Buemi, qui vient de rééditer l’exploit une décennie après !

Sebastein Buemi, dominateur au début, notamment avec un premier titre lors de la saison N°2, le Vaudois avait progressivement subi une perte de résultats probants au fil des ans. Bien que ses qualités de metteur au point n’aient jamais été remises en cause, il pensait pourtant, selon ses propres dires, « qu’il ne gagnerait plus jamais ». Six ans après sa dernière victoire dans la catégorie, le pilote aiglon s’est lui-même fait mentir le week-end dernier… L’occasion d’en profiter pour faire une courte comparaison entre les conditions de sa victoire en 2015 et celle de 2025 à Monaco.

Sebastien Buemi et les monoplaces : évolutions drastiques sur trois générations

Nettement moins véloces et performantes qu’aujourd’hui, les formule E « GEN 1 » n’avaient pas suffisamment d’autonomie pour assurer une course complète : les pilotesdevaient changer de voiture à mi-épreuve. La puissance des moteurs électriques des voitures de première génération était de 200 kW (270 ch), contre 350 kW (470 ch) pour les « GEN3 Evo » actuelles. Encore plus impressionnant, la régénération d’électricité est passée de 150 à 600 kW. Le poids est resté inchangé (environ 900 kg) malgré le passage de deux à quatre roues motrices. Aujourd’hui, une formule E est capable de réaliser le 0 à 100 km/h en 1,86 seconde, soit 30% plus vite qu’une F1.

Temps au tour : le jour et la nuit

2015 : contrairement à la F1, la version « FE » du circuit de Monaco avait été nettement raccourcie et redescendait directement sur le port au lieu d’atteindre le casino, puis Mirabeau et le tunnel. Au total, le tracé totalisait 1,76 km, contre 3,34 pour la F1. Avec une vitesse de pointe maximale d’environ 200 km/h, la pole position avait été signée en 53’’478 par Sébastien Buemi. Les comparaisons des caméras embarquées de l’époque entre FE et F1 montrait déjà une perte de 10’’ uniquement sur la fin du tronçon commun !

2025 : le circuit monégasque est désormais identique à celui de la F1. La comparaison est donc plus facile, sauf qu’il faut tenir compte des températures et de la météo. La pole position de Charles Leclerc (Ferrari) en 2024 était de 1’10’’270, contre un chrono réalisé sous les premières gouttes de pluie lors des essais libres par Mitch Evans (Jaguar TCS Racing) cette année en 1’26’’614. Quant à la vitesse de pointe maximale, elle est passée à 320 km/h. Une évolution loin d’être ridicule compte tenu d’une distance quasi doublée en 10 ans…

Gilles Rossel