WEC (World endurance championship), Toyota double la mise à Spa.
Début de saison sous le signe nippon pour le championnat du monde d’endurance. Après Silverstone, la Toyota #8 (Sébastien Buemi- Anthony Davidson-Nicolas Lapierre) a doublé la mise et remporté la deuxième manche disputée sur le mythique circuit de Spa-Francorchamps (B).
Du côté des Ardennes, la fin de semaine était pour le moins condensée. Habituellement les pilotes et leurs écuries roulent le vendredi «pour beurre», mais le beurre permet de nombreux tests. Le samedi pour se qualifier et le dimanche pour la course. A Spa, tout était rassemblé en deux jours. Essais libres et qualifications vendredi, compétition samedi… et point final.
A ce petit jeu qui ne permet guère de prendre son temps pour rectifier les problèmes, Toyota semblait à l’aise. Les voitures japonaises montraient le bout de leur capot dès les premiers tours de roues, en première heure d’essais libres… Le vendredi matin, sur une piste pour le moins humide. L’après-midi, la grisaille n’était plus aussi mouillée, et le tracé sec. Les Porsche, notamment la #14 (Neel Jani-Marc Lieb-Romain Dumas), étaient impressionnantes de vitesse dans les portions rectilignes. Et Lieb signait le meilleur temps de la séance.
En fin de journée, dans une semi pénombre, les qualifications donnaient lieu à une bagarre de chiffonniers. Il fallait attendre l’ultime passage sous le drapeau à damiers pour que la Porsche #14 boucle la journée en tête de peloton. Pooooooole, pour Neel Jani et Marc Lieb.
Pour mémoire, en WEC, le temps pris en compte pour les qualifications est une moyenne des chronos de deux pilotes désignés pour l’exercice. Lieb et Jani ont donc rendu une copie parfaite. Le premier vite et régulier, le second très rapide sur un tour. Il se murmure même, mais chut c’est un secret, que Jani aurait signé le meilleur temps des six pilotes Porsche lors de cette séance. «Faire la pole avec une Porsche c’est un sentiment incroyable…» «Je crois que je suis le premier suisse à faire ça depuis Jo Siffert, quel bonheur…» Le moins que l’on puisse écrire est que Jani, le Seelandais double national (Suisse-Inde), était ému lors de l’analyse à chaud.
En course, la #14 partait comme un boulet, passait les premières nonante minutes en tête et creusait un substantiel écart. Neel Jani n’amusait pas le bitume. Dans la descente menant des Combes à Pouhon, la Porsche talonnait, se cabrait mais sans jamais se dérober. Derrière Jani, Buemi semblait serein… «Il était très rapide, j’ai limité les dégâts… puis la Porsche a perdu un peu de temps aux boxes et je me suis retrouvé devant. Là, j’ai poussé pour creuser l’écart.» Les Audi, elles, donnaient l’impression de ne pas arriver à suivre le rythme, certains observateurs estiment que l’écurie d’Ingolstadt cache son jeu pour mieux se dévoiler au Mans…
Au fil des événements, la Toyota #8 défendait sa position, l’Audi #1 reprenait des couleurs après une belle lutte avec la Toyota #7… Et la Porsche #14 se battait avec quelques problèmes techniques, Romain Dumas étant obligé de réinitialiser son bolide pour pouvoir rester en course. «Dommage, ces petits problèmes nous ont fait perdre le podium», disait Neel Jani (finalement 4ème) après la course.
Reste que quelque soient les couleurs des voitures, ou leur marque, les amateurs de sensations fortes ont été gâtés. Les 6 heures de Spa se sont déroulées sous la forme d’un sprint permanent… La bagarre faisait rage à tous les étages de la hiérarchie. Et au final c’est Toyota qui a gagné. Mot de la fin pour Sébastien Buemi: «Après nos deux victoires, nous sommes considérés comme les favoris pour le Mans, mais une course de 24 heures n’est pas une course normale, alors…»
Pour le reste, dans la catégorie reine (LMP1), l’écurie helvétique Rebellion faisait faire les premiers tours de roues à ses deux R-One. Si la #12, même en connaissant quelques soucis, est restée dans le coup, la #13 a connu les pires ennuis, synonymes d’abandon. «Nous n’avons jamais utilisé les R-One avant aujourd’hui. Nous sommes là pour apprendre, pour nous Spa est une séance d’essais grandeur nature.»
En LMP2, le Suisse Alexandre Imperatori, qui vit en Asie, partage le volant d’une Oreca Nissan avec les Britanniques Howson Bradley. Après avoir réalisé la pole de leur catégorie, les trois compères ont longtemps figuré en deuxième position avant de devoir la céder. Au final, Imperatori & Co montent sur la 3ème marche du podium.
6 heures de Spa. Classement final.
1. Toyota #8 (Buemi-Davidson-Lapierre), 6h01’31.675. 2. Audi #1 (DiGrassi-Duval-Kristensen), à 1’13.926. 3. Toyota #7 (Wurz-Sarrazin-Nakajima), à 1’20.861. 4. Porsche #14 (Jani-Lieb-Dumas) à 1 tour. 5. Audi #2 (Fässler-Lotterer-Tréluyer), à 1 tour. Puis 7. Rebellion #12 (Prost-Heifeld-Bèche) à 10 tours. 10. Oreca Nissan #47 (Imperatori-Howson-Bradley) à 12 tours.