Tout heureux d’avoir remporté sa première course et de figurer sur le podium mondial, Neel Jani vise plus haut encore.
«Je veux gagner le Mans et être champion du monde». Le moins que l’on puisse écrire est que l’ambition est bien présente dans l’esprit de Neel Jani. Après avoir bouclé une saison 2014 pour le moins réussie, le pilote seelandais vise les sommets. Quoi de plus logique lorsque l’on a la chance de piloter l’un des meilleurs bolides du plateau.
Pour mémoire, Porsche de retour au niveau supérieur de l’endurance après de longues années d’absence, a terminé sa saison sur une victoire offerte par le trio Jani-Dumas-Lieb au Brésil. Les mêmes compères ont par ailleurs réalisé trois pole positions (Spa, Shanghai et Bahrain) et trois podiums, Shanghai (3ème), Bahrain (2ème) et Brésil (victoire). Seconde voiture de l’équipe de Stuttgart, la Porsche #20 (Webber-Hartley-Bernhard) n’a pas été en reste avec une pole (Brésil) et trois podiums (Silverstone, Fuji et Bahrain).
De passage en Suisse pour quelques jours, Neel Jani nous a livré ses sentiments…
Neel, parlons de votre victoire brésilienne…
Depuis quelques courses nous étions très proches des autres et nous voulions terminer en beauté. J’aime rappeler qu’à Fuji, mi-octobre, notre Porsche #14 était à côté du podium, puis nous avons gagné un rang à chacune des trois courses suivantes. Intéressant, non?
A une demi-heure du terme, il y a eu l’accident de Mark Webber et l’entrée de la voiture de sécurité. Vous étiez en tête, comment avez-vous vécu ce moment?
Il y a beaucoup de choses à gérer. D’abord, j’ai demandé des nouvelles de Mark, puis j’ai vu la Toyota de Davidson dans mes rétroviseurs. Il fallait tenter de maintenir les pneus en température, imaginer comment réagir si la course était relancée et surtout ne pas se déconcentrer.
Et la course n’a pas repris…
C’était beaucoup trop dangereux, il y avait tellement de débris et d’huile sur la piste. Dans ce contexte particulier, il m’a fallu un moment avant de réaliser que nous avions gagné.
Il y a une année, pensiez-vous que la victoire était possible en 2014?
Je savais que c’était possible mais je n’osais pas trop y croire. Nous avons beaucoup travaillé, amélioré une foule de petites choses au cours de la saison. Cette victoire montre le potentiel de Porsche, la volonté d’aller de l’avant, la réactivité de l’ensemble de l’équipe. Dès le début, nous savions que notre motorisation était bonne, par contre la fiabilité et le châssis n’était pas impeccables. Alors oui, nos débuts étaient difficiles, mais la suite est tellement belle. En plus nous sommes sur le podium des pilotes, c’est fantastique!
Quel regard portez-vous sur 2015?
Nous avons beaucoup appris, nous savons où sont nos forces et nos faiblesses et nous travaillons à renforcer les premières et à corriger les secondes. Et puis nous aurons une nouvelle voiture mais je ne peux pas en dire beaucoup plus.
C’est le bonheur, vous réalisez votre rêve?
Disons que j’ai réalisé une partie de mon rêve. Maintenant, je veux gagner Le Mans et devenir champion du monde. Il reste encore du boulot…
Avec Porsche tout semble possible…
C’est aussi une partie du rêve que de faire partie de l’histoire d’une telle icône. Un peu comme un footballeur qui reçoit une offre de Real Madrid ou de Barcelone. Pour un pilote passionné pouvoir écrire quelques lignes du livre d’or de Porsche est un grand privilège.
Quand vous repensez à l’accident de Mark Webber que se passe-t-il dans votre tête?
Sur le moment tu te dis ouah c’est très violent. Mais il est impossible de rouler vite en gardant ce genre d’images dans la tête. Il faut accorder un grand respect aux éléments et s’efforcer de mesurer les risques pour tenter de les minimiser. Dans notre métier, l’essentiel est de connaître ses limites sachant que le risque zéro n’existe pas.
Comment est la vie de pilote d’usine que vous expérimentez pour la première fois?
Etre pilote d’usine ça change la vie. L’élément le plus remarquable est certainement ma garde-robe que j’ai dû adapter à mon statut. Il y a de nombreuses obligations, d’innombrables voyages, les courses, les évènements, les représentations… Mais je ne me plains pas, j’aime cette vie-là.
Dans ce tourbillon avez-vous encore le temps d’entretenir votre forme physique?
Difficilement. Il faut être au top en début de saison, puis le temps manque pour vraiment travailler à fond et les acquis ont tendance à se dégrader. Je vais donc profiter de l’entre-saison pour travailler dur avec mon préparateur physique.
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