Au Brésil, ultime manche du WEC, Neel Jani monte sur la plus haute marche du podium et Toyota décroche le titre constructeur.
Quatrième à trois reprises (Spa, USA, Fuji), puis 3ème à Shanghai, 2ème à Bahrain et (enfin) 1er à Sao Paulo (Brésil). Le parcours de Neel Jani (Porsche #14) est incroyable de logique arithmétique. Mais pas seulement. Avec Marc Lieb (Spa), avec Romain Dumas (Shanghai et Bahrain), Jani a décroché des poles positions. Certes moins important en endurance qu’en sprint, le meilleur chrono des qualifications reste la preuve d’une aisance et d’un pilotage disons… de haut vol.
Mieux encore, sur l’ensemble de la saison Neel Jani s’est nettement montré plus rapide que ses camarades de jeu. Lui qui, il y a quelques années encore, rêvait de F1 et uniquement de F1, est désormais parfaitement à l’aise dans sa combinaison de course estampillée Porsche.
Mais revenons au Brésil, à Sao Paulo et au circuit d’Interlagos. «Un circuit à l’ancienne, pas facile, extrêmement exigeant et un poil dangereux», disaient nombre de pilotes en découvrant le tracé brésilien durant la semaine. Malheureusement, la fin de la course allait leur donner raison.
Pour la première fois de la saison, les deux Porsche étaient côte à côte sur la première ligne de la grille de départ. La #20 en pole. Mais dès les premiers mètres il semblait évident que Marc Lieb au volant de la 14, ne pourrait pas résister longtemps à un Sébastien Buemi (Toyota) déchaîné. Pour mémoire, la marque nipponne et Audi étaient encore en course pour le titre constructeur. Alors que les observateurs pensaient que Porsche en profiterait et que les autres laisseraient filer, Buemi, déjà sacré champion du monde des pilotes, ne l’entendait pas de cette oreille.
En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le pilote de la Toyota #8 était en deuxième position. Marc Lieb accroché, le mot n’est pas trop fort, à ses pneus arrière. Bernhard et la Porsche #20 s’envolaient en tête, alors que Buemi et Lieb se livraient à une bataille de chiffonniers. La première heure était somptueuse.
La deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième aussi. Les changements de pilotes ne modifiaient pas l’ambiance. La lutte faisait d’ailleurs rage à tous les niveaux et dans chaque catégorie. Entre temps, la Porsche #20 avait quelque peu rétrogradé. La #14 avait pris la tête, Toyota et Audi se partageaient les places LMP1 avec un œil sur le podium final, et le titre. «C’était une course très serrée, un peu comme si chaque tour était un tour de qualification. Une sacrée bataille avec la Toyota #8 de Buemi et Davidson. Mais la fin est inespérée… Avec mes coéquipiers nous avons apporté la première pole à Porsche et maintenant la première victoire, c’est incroyable!» Très ému, Neel Jani peinait à réaliser. D’autant plus peut-être que la fin de course restera comme une bizarrerie dans les mémoires.
Il restait une demi-heure de bonheur à vivre. Jani était en tête, Davidson une quinzaine de secondes derrière lui, le final de la saison promettait monts et merveilles. Il s’est transformé en cauchemar avec le terrible accident de la Porsche #20 au volant de laquelle était Mark Webber. Une sortie de piste d’une violence inouïe, une voiture explosée et en flammes, tout ce que les (vrais) amateurs de sport automobile détestent. De longue minutes d’attente avant de voir Webber sur le brancard faire signe de la main, réconfortant, mais… Sur le compte tweeter de Porsche les nouvelles se voulaient aussi lacunaires, logique, que rassurantes «le pilote est ok». Mais dans le garage de la marque allemande les mines étaient tendues. Puis les sourires sont revenus avec des infos médicales de première main.
Sur la piste, les bolides slalomaient entre les débris sous conduite du ‘safety car’. Les minutes passaient, entamée par l’accident, la dernière demi-heure devenait interminable. Puis, au vu de l’état de la piste dans un endroit particulièrement rapide et dangereux, la (sage) décision de la direction de course est tombée…, «le ‘safety car’ ne sera pas rappelé avant le terme des six heures». Autrement dit, la course était terminée et la Porsche #14 figurait en tête de peloton. Victoire!!! «Pour moi, c’est la conclusion d’une saison de rêve», lançait Neel Jani. Il ajoutait: «Le prochain rêve est de terminer en tête du championnat et de gagner Le Mans. J’espère que le futur nous permettra de le réaliser.»
Pour le reste, Toyota s’adjuge le titre de champion du monde des constructeurs. Rebellion celui de la catégorie LMP1 L. Et Alexandre Imperatori termine également en beauté avec une victoire à Interlagos. Quant à Tom Kristensen (Audi #1), il s’octroie un dernier podium avant son départ à la retraite.
Au championnat, Neel Jani et ses coéquipiers engrangent 25 points et montent ainsi sur la 3ème marche du podium. Lequel est finalement très ‘helvétique’ avec sur la plus haute marche Sébastien Buemi champion, à ses côtés Marcel Fässler (2ème) et Neel Jani (3ème).
6 heures de Sao Paulo. Classement final.
1. Porsche #14 (Jani-Lieb-Dumas). 2. Toyota #8 (Buemi-Davidson). 3. Audi #1 (DiGrassi-Duval-Kristensen). 4. Toyota #7 (Wurz-Sarrazin-Conway). 5. Audi #2 (Fässler-Lotterer-Tréluyer). 6. Oreca-Nissan #47 (Imperatori-Howson-Bradley). Puis 18. Rebellion #13 (Leimer-Kraihamer-Belicchi), 19. Rebellion #12 (Prost-Heifeld-Bèche).
Classement général pilotes.
1. Buemi/Davidson, 166 points. 2. Fässler/Lotterer/Tréluyer, 127. 3. Jani/Lieb/Dumas, 117.
Sur le carnet de notes…
Le record LMP1 (1’18.787) du circuit d’Interlagos était propriété de Peugeot depuis 2007. Il a été battu à plusieurs reprises en ce week-end de finale du WEC. Lors des qualifications déjà, mais en course surtout. Le temps de référence appartient ainsi à désormais à Timo Bernhard (Porsche) qui a signé 1’17’442 en qualifications.
Le circuit de Sao Paulo, dans le quartier d’Interlagos, s’appelle en fait ‘Autodromo José Carlos Pace’ en mémoire du pilote de F1 décédé dans un accident d’avion.
Emerson Fittipaldi, 68 ans le 12 décembre, a pris le volant d’une Ferrari AF Corse lors des 6 heures de Sao Paulo. Avec Pier Guidi et Segal comme coéquipiers, il a mené la voiture au 21ème rang général.
Le podium du championnat du monde des pilotes d’endurance (WEC) est majoritairement suisse avec trois représentants (Buemi, Fässler, Jani). Il y a également deux Allemands (Lotterer, Lieb), deux Français (Tréluyer, Dumas) et un Britannique (Davidson).
Crédit images: Porsche media, Toyota Media, archives Suisse AutoMag