Malgré des enjeux européens et helvétiques très relatifs, le rallye du Valais a été splendide.
Europe (ERC), titre joué. Suisse, titre joué. Les données de base du rallye du Valais à la fois dernière manche continentale et nationale étaient plutôt négatives. Et pourtant… Tant sur la plan européen qu’au sein du peloton helvétique, la bagarre a été grandiose, les surprises nombreuses et les coups de théâtre sans fin…
Parmi ces derniers, la pénalité infligée à Craig Breen (Peugeot), archidominateur d’une épreuve aussi difficile qu’ensoleillée, a fait l’effet d’une bombe. Affilié à une écurie pourtant réputée sérieuse et pointilleuse, l’Irlandais s’est vu privé de dessert, lisez de victoire, pour avoir utilisé 20 pneus alors que 18 seulement sont autorisés par le règlement. Vu de l’extérieur, la faute ne peut être imputée qu’aux stratèges du préparateur… Résultat, Breen (photo de Une) perd la première place au profit du Belarusse Lukyanuk (Ford).
Mais reprenons dans l’ordre. Jeudi, une certaine brume et des routes glissantes étaient au rendez-vous de la première journée, avec des hostilités ouvertes en milieu d’après-midi. De l’avis général, il s’agissait avant tout de rester sur la route, d’être présent au terme des trois spéciales du programme, mais de ne pas non plus trop assuré, histoire de se maintenir dans la course… Une théorie que Craig Breen/Scott Martin ne semblaient pas trop apprécier puisqu’ils signaient les trois scratches du jour avec des marges disons… intéressantes sur ses principaux contradicteurs. Parmi eux, le surprenant, même si, Olivier Burri (Citroën), navigué par Nicolas Klinger. Après quasi une saison sans compétition le Prévôtois pointait à quelques secondes seulement de Breen en avouant «il va très, très vite…». Autre relative surprise de cette première journée, que la présence de François Delecour/Sabrina De Castelli et surtout de leur Porsche peu à l’aise dans les portions sinueuses et étroites, dans le top 4 du jour. Mais ce n’était que le début. Solide certes, mais les deux prochains jours s’annonçaient durs, durs…
Avec 7 épreuves chronométrées, le menu de la deuxième étape promettait quelques belles empoignades… Breen poursuivait sa domination et accrochait les scratches des ES 4, 5 et 6… Avant que Florian Gonon/Manu Guex (Peugeot) ne pointent le bout du capot et se permettent de bousculer l’Irlandais dans le premier passage des Casernes. A mi-journée, Burri était toujours 2ème, Lukyanuk/Arnautov 3ème et Delecour 4ème… L’après-midi ressemblait au matin, Breen remettait deux chronos de référence dans son escarcelle… Burri peinait «physiquement c’est dur»… Lukyanuk toujours à l’affût piquait un scratch au passage de l’ES 10… et au général Burri se maintenait derrière Breen, mais devant Lukyanuk, Delecour et Gonon…
A l’aube du troisième jour, les mines étaient tirées. Fatigue, soucis, mais surtout l’évidence que tout pouvait basculer dans le traditionnel tronçon maudit des pilotes de rallyes, le col des Planches, juge de paix du RIV depuis des années. Avant d’attaquer ce plat de résistance, et pour mieux encore assoir sa domination, Breen alignait deux scratches supplémentaires… Burri perdait son deuxième rang au profit de Lukyanuk et le tout jeune Bergkvist (Peugeot) passait devant Delecour… Gonon, Pascal Perroud/Melinda Beuret (Ford), Sébastien Carron/Lucien Revaz (Ford) et Jonathan Hirschi/Victor Bellotto (Peugeot) pointaient dans le top 10. Aux Planches, c’est Lukyanuk qui montrait les dents, suivi de Breen et Burri… Aux Casernes encore, le Belarusse s’imposait… Il récidivait lors des trois ES de l’après-midi. Au passage, relevons l’anecdote, pour ne pas dire aventure, ayant pour personnage principal Pascal Perroud… Sorti de route dans la deuxième épreuve spéciale du jour, le Genevois était prêt à abandonner lorsqu’il apprenait que l’accident d’un de ces prédécesseurs provoquait la neutralisation de l’épreuve… De quoi motiver un retour en piste au bénéfice d’un temps forfaitaire… Bien vu.
Breen s’imposait brillamment 10 scratches sur 17, avant d’être dépossédé de sa victoire…
Lukyanuk devenait le grand vainqueur du Valais 2015. Olivier Burri montait sur la 3ème marche du podium… Bergkvist/Sjoberg complétaient le quarté, Gonon le quinté… Avec Perroud 7ème et par conséquent vice-champion suisse, Carron 8ème, Federico Della Casa/Domenico Pozzi (Citroën) 9ème les Helvètes étaient bien présents dans le top 10.
Auteur d’une très belle performance d’ensemble, Jonathan Hirschi était, une fois encore, lâché par une mécanique plus que capricieuse «encore la boîte… c’est à l’image de la saison».
A noter encore, que Michaël Burri /Anderson Levratti (22ème du RIV) remporte le Renault Clio Alps Trophy synonyme d’une participation au rallye de Monte Carlo 2016…
Que dans le cadre du championnat suisse junior, le duo Cédric Althaus/Jessica Bayard (Peugeot), 16ème du classement général au Valais, décroche la timbale nationale.
Et puis, difficile de parler de chacun, mais soulignons tout de même en vrac, les jolies performances des Jérémie Toedtli/Romain Lambiel (11ème) Kim Daldini/Daniele Rocca (12ème), Laurent Vukasovic/Steve Groux (14ème) et Jonathan Scheidegger/Luc Santonocito (15ème)… sans oublier le polyvalent Jean-Marc Salomon qui sortait pour la première fois avec une S2000 (Peugeot) qu’il a mené au 20ème rang avec l’aide de David Comment.
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